Je me souviens de mon premier cours à l’université.
C’était un cours de sociologie.
La prof nous a raconté l’histoire d’un chercheur qui voulait découvrir la “culture des camionneurs”.
Il a commencé par mener des entretiens pour leur poser un tas de questions.
Puis, il a observé les camionneurs en les accompagnant sur la route.
Mais il n’était toujours pas satisfait des informations qu’il avait recueillies.
Il sentait qu’il passait à côté de quelque chose.
Le problème, c’est que les camionneurs lui montraient la “version améliorée” d’eux-mêmes.
Vous savez, je parle de la version de nous qu’on montre en entrevue ou à une première date.
Le chercheur a alors décidé de se faire passer pour un camionneur durant plusieurs mois.
Et c’est à ce moment-là qu’il a découvert ce qu’il cherchait depuis le début.
Quand vous créez votre persona, le plus grand risque, c’est de vous retrouver avec un faux portrait.
Une version idéalisée ou abstraite de la personne à qui vous vous adressez.
Pour avoir un persona qui ressemble à une vraie personne, vous devez connaître ses :
👉 problèmes
👉 aspirations
👉 blocages
👉 croyances
👉 désirs
Surtout ceux qui ne sont pas faciles à partager.
Bon, on s’entend que vous n’avez pas nécessairement le luxe de faire comme le chercheur qui met sa casquette de camionneur durant des mois. Même si ce serait l’idéal.
Alors, votre 2e meilleure option, c’est de parler à votre clientèle ou vos donateur.trice.s.
Mais comment est-ce qu’on fait pour tirer le meilleur de ce genre de rencontres?
Il y a quelques trucs à connaître comme de :
✅ Reformuler la même question de différentes manières
✅ Employer l’effet miroir en répétant ce que la personne vient de dire
✅ Porter une attention au langage non verbal, aux hésitations et aux silences
Mais il y a un truc que j’utilise de plus en plus et qui est payant :
Quand je sens que la personne en face de moi reste en superficie, j’arrête de poser des questions.
Et je passe en mode conversation.
Je parle de tout et de rien. Et je vais même parfois partager des trucs plus personnels comme je le ferai avec un.e ami.e autour d’un café.
Je ne suis plus juste “le chercheur qui interroge des camionneurs”.
Je deviens moi aussi une personne avec mes propres problèmes, croyances et désirs.
Ça a l’air niaiseux dit comme ça, mais ça change tout.
J’ai alors accès à de l’information sur mon persona que je n’aurais pas eu autrement.
Avec ce genre d’info, vous pouvez vous mettre dans ses chaussures.
Et ça, c’est ce qui fait la différence entre un bon texte et un texte persuasif.
Il y a une campagne qui l’illustre tellement bien :
C’est une campagne contre la violence familiale envers les enfants avec plusieurs affiches installées dans les rues.
Un “message caché” apparaît quand c’est un.e enfant qui lit l’affiche :
“Si quelqu’un te fait mal, appelle-nous et on va t’aider.”
Avec le numéro de la ligne de soutien.
L’adulte qui l’accompagne – et qui est potentiellement son agresseur – ne peut pas voir le message de son point de vue.
Tout ça est rendu possible grâce à une technologie qui détecte notre taille.
À gauche, affiche vue par un.e adulte. À droite, affiche vue par un.e enfant.
C’est la parfaite incarnation de “se mettre dans les chaussures de son persona”.
J’espère que vous voyez maintenant l’exercice des personas autrement.
Je sais qu’on est plusieurs à être tanné.e.s d’en entendre parler.
Mais on ne peut pas passer à côté.